DEBUT DE L’HISTOIRE
Jean VILLARS achète les terres (quelques hectares en polyculture et viticulture) en 1833 puis la maison (corps principal) le 20 août 1839.
Il aura 2 filles Villardine et Marguerite Elise.
GENERATION 1 : Villardine VILLARS et Eugene PATACHON : Les premiers viticulteurs
Le terroir est déjà réputé pour la qualité de ses vins blancs liquoreux et pour la charpente de ses vins rouges.
Le phylloxéra se répand dans le monde entier et également à Bordeaux. Contraignant les exploitations à restructurer leurs vignes avec des plants résistants. La sauvegarde de l’existant est plus important dans cette période que l’agrandissement.
Ils investissent dans deux maisons à Bordeaux.
Ils auront un fils Camille.
GENERATION 2 : Camille PATACHON et Marie CRACHEREAU : Restructuration et modernisation
Ils se marient le 1er février 1900.
Un accident handicapa gravement Camille en 1914 (perte de l’usage d’une jambe). Ce qui eut deux conséquences : il ne participa pas à la première guerre mondiale et dût adapter l’exploitation à son handicap.
Le travail de la vigne se fait encore à l’aide d’animaux de trait. La polyculture est la norme de l’époque. Chacun produit des céréales (pour nourrir les animaux), cultive un jardin permettant une grande autonomie.
Doué d’une ingéniosité technique, Camille va moderniser et mécaniser le chai pour l’aider dans les différentes étapes de vinification. Ainsi des rails, des poulies et un pressoir enterré sont installés. Les vestiges de ces installations sont encore présentes.
Camille deviendra également agent d’assurance. Apportant un complément financier nécessaire au sortir de la guerre.
Ils auront deux enfants Pierre et Camille.
Pierre achète le Domaine du Filh, exploitation voisine à Donzac .
GENERATION 3 : Camille PATACHON et Andre BERTIN : un divorce qui change l’histoire.
Camille PATACHON épouse André BERTIN en 1925. André BERTIN est banquier. Ils vivent à Bordeaux.
Pierre PATACHON gère les deux propriétés (Château de Cranne et Domaine du Filh) qui n’en font qu’une à présent. Les vendanges des deux propriétés sont vinifiées dans les chais du Château de Cranne.
Camille et André BERTIN divorcent en 1937. Ils ont deux filles : Claude et Suzanne. Dans les mœurs de l’époque, c’est un drame. Camille retourne vivre avec ses deux jeunes filles chez ses parents au Château de Cranne.
Le retour sur l’exploitation de Camille est d’autant plus difficile qu’il était imprévu ! Les tensions familiales sont telles que l’exploitation sera coupée en deux. Le Domaine du Filh (dirigé par Pierre) et le Château de Cranne (dirigé par Camille) sont à nouveau deux entités indépendantes.
La deuxième guerre mondiale vient compliquer un peu plus la situation. Donzac est en territoire occupé.
La mécanisation agricole démarre. Les premiers tracteurs ainsi que les premiers outils portés et tractés voient le jour dans les campagnes. Une révolution dans le travail de la vigne s’opère. La polyculture est un temps renforcé durant la guerre puis elle s’éloignera tous les jours un peu plus. Laissant place à une agriculture spécialisée : la viticulture de terroir.
GENERATION 4 : Claude BERTIN et Andre LACOSTE : LA MECANISATION ET LE TERROIR.
La deuxième guerre mondiale a éloigné pendant 7 ans André LACOSTE. Il est originaire de La Sauve Majeure, ses parents sont viticulteurs au cœur de l’entre deux mers. Après la libération, la France est à reconstruire. Les vignobles ont souffert du manque de moyens et de forces vives.
André et Claude se marient en 1950. Ils s’installent à Donzac au Château de Cranne. L’exploitation n’est encore qu’au début de la mécanisation qui facilite la vie de beaucoup de viticulteurs.
André et Claude auront deux fils : Jacques et Michel.
André va améliorer le confort de travail au chai et investir dans la mécanisation des vignes.
L’œnologie se vulgarise dans les exploitations bordelaises. Celle-ci va apporter dans un premier temps des explications à ce que l’on appelait les « maladies du vin » (casses oxydasiques, ferriques…). Les moyens de prévention se mettent en place.
André a été marqué par la guerre . En tant que maire et élus de différentes organisations, il s’investira toujours plus dans la sphère sociale. Le vignoble s’aggrandira peu sous sa direction. Les cépages rouges deviennent à la mode. Donzac connut pour ses terroirs produisant de grands vins blancs, se restructure avec les cépages merlot, cabernet franc et cabernet sauvignon.
GENERATION 5 : Michel LACOSTE et Annie DARRAS : DEVELOPPEMENT sous l’AGE d’or du NEGOCE.
Jacques n’est pas vraiment intéressé par la culture de la vigne. Il fera sa carrière dans la filière viticole en qualité de fournisseur. C’est donc michel, le cadet, qui reprendra le Château de Cranne.
Après des études viticoles et quelques expériences en temps de stagiaire, il décide de prendre la suite d’André. Le vignoble est à restructurer et à agrandir pour qu’il reste économiquement viable.
Michel et Annie se marient en 1975 à Loupiac. Annie est originaire de Loupiac. Ses parents (Yves et Simone) sont eux aussi viticulteurs sur le terroir de Loupiac, déjà très connu pour ses grands vins liquoreux de bords de garonne.
C’est aussi l’époque de l’essor colossal du négoce à Bordeaux. Les ventes à l’exportation explosent, ce qui permet aux viticulteurs de Bordeaux de produire sans se soucier des ventes .
Michel et Annie vont donc profiter de cet essor en investissant massivement dans l’agrandissement du château de Cranne. Rachetant des vignes à Semens, Donzac, Loupiac puis à La Sauve Majeure, ils ont plus que doublé la superficie en 20 ans.
Cet agrandissement est mené de front avec la mécanisation du vignoble : généralisation du palissage, traitement par pulvérisateur tracté, machine à vendanger pour les vins rouges…
La frénésie du développement apporte aussi son lot de « simplifications ». Les firmes ont réponse à tous les problèmes du moment. Les produits « chimiques » envahissent le vignoble bordelais : désherbants, pesticides, insecticides, fongicides… Ces produits coûtent chers, souvent efficaces ils ont néanmoins un point faible : les résistances. La charge de travail dû au développement est telle que Michel se resoud à les utiliser quelques années puis s’en méfie…Jacques (fournisseur) lui donnera les meilleurs conseils pour s’en passer !
Le « produire sans se soucier des ventes » n’est pas du goût de Michel et Annie. Ils vont donc également développer une clientèle particulière sur toute la côte ouest française. Le réseau se créé avec l’aide d’anciens vendangeurs, venus dans les années 70 pour la plupart.
Le Château de Cranne est alors paré pour un avenir moins radieux avec plusieurs crises (dont 1998) et l’effondrement des cours et du négoce.
Michel et Annie ont eu deux enfants : Vincent et Camille. Camille a choisi (pour l’instant) la voie des airs (ingénieur chez airbus), c’est donc Vincent qui reprend les rennes du Château de Cranne.
GENERATION 6 : Vincent LACOSTE et Stephanie LE GAC DE LANSALUT : mise en avant des terroirs, regard vers l’export et agriculture biologique.
Pas vraiment concerné par les vignes dans son enfance, c’est au travers de ses études à Angers (ESA) que Vincent se construit un désir de continuer l’œuvre des générations précédentes. Dans ce bassin angevin, il y rencontre quelques viticulteurs en agriculture biologique…Des questions se posent alors : quel est l’intérêt de prendre de tel risque ? Dans une agriculture des années 80 où le rendement est roi, aucun intérêt. Mais les crises se succèdent, les ventes « faciles » du négoce s’essoufflent …
Je vais à présent écrire mon histoire, ma génération…
Quelles sont les armes de ma génération ? De mon point de vu, les voici :
- La qualité : autrement dit le « terroir », ou plutôt son expression ! Plus on le musèle et plus on ressemble au magma des milliers de litres des assemblages des négociants. Il faut lui laisser libre court. A la vigne, le travail du sol est une des clés. Au chai, les levures et autres produits « gommant » et orientant les arômes sont à écarter.
- La Gestion : on est un des acteurs économiques de la France. On doit répondre aux règles, aux codes et autres contraintes de cet environnement, parfois contradictoires avec la notion de terroir et de qualité.
- La communication : vous lisez un site qui nous permet de vous faire découvrir notre savoir faire. La communication est la clé de l’autonomie.
Bien d’autres armes existent, mais tenir ces trois me paraît capital.
Je suis revenu en 2004 à Bordeaux après quelques mois passés à travailler pour un négociant à Paris. Je me suis installé tout d’abord seul sur une partie de l’exploitation en tant que Jeune Agriculteur. J’ai ainsi pu créer le Château Jeandebout.
En 2008, l’EARL Vignobles Lacoste a été créé. Cette entité regroupe le Château Jeandebout et le Château de Cranne.
J’ai donc engagé plusieurs « grands chantiers ». En janvier 2010, nous nous sommes engagés dans la conversion vers l’agriculture biologique. Cette conversion prendra son terme avec le millésime 2013.
Le travail du sol a repris toute sa place. Outre le côté esthétique, celui-ci nous a permis d’enrayer la progression d’espèces végétales résistantes et de «forcer » nos vignes à « faire plonger » leurs racines. La vie dans nos sols a repris ses droits. Les différentes carences observées avant s’estompent peu à peu.
Après avoir tâtonné sur plusieurs profils de vins, j’ai défini 2 gammes pour le Château de Cranne que nos terroirs nous permettent de produire. La première (L’originel, Sauvignon Intense, Semillon Gourmand, Bouquet d’épices et Fleur de Merlot) pour répondre aux envies simples et accessibles de tous les jours. La seconde (6éme génération) pour répondre à une envie de découverte de nos terroirs authentiques, avec ses défauts et j’espère ses grandes qualités.
Le Château Jeandebout, plus petit, reste dans sa production de départ ( Bordeaux rouge et Bordeaux Sec).
J’essaie de développer d’une manière cohérente et avec nos moyens un réseau commercial fort et durable. Faisant toujours plus confiance à l’humain, je regarde difficilement les grands réseaux de distribution…où le consommateur final est si loin de nous !
La communication (notamment avec ce site que vous lisez) fait parti des outils dont nous avons besoin pour continuer à durer dans le temps.
Après des études d’ingénieur en Agro-alimentaire, le hasard des parcours professionnels a permis à Stéphanie de travailler dans la conception de batterie haute performance et aujourd’hui dans la construction navale.
Nous nous sommes mariés le 24 juillet 2010 sous un soleil radieux.
GENERATION 7 : Nos enfants se nomment Brieuc, Héloïse et notre 3éme enfant s’appelle Aliènor !